Volume 5, numéro 1
Industrialisation,
repérages
En décembre 2005, le Séminaire sur
l'Industrialisation de la Formation (SIF) organisait un colloque
international au Carré des Sciences, à Paris. Plusieurs des
contributions présentées à cette occasion abordaient la question de
la distance dans la formation. Il a paru utile de demander à ces
intervenants de revenir sur cette interrogation centrale pour
montrer l'usage qui peut en être fait dans des perspectives
différentes mais ouvertes les unes aux autres. Cette décision
résultait également du constat que bien des recherches ou études
actuelles sont traversées par cette problématique. Les éléments de
bibliographie que nous fournissons ici au lecteur en
attesteront.
Cependant, avant de présenter et de donner à lire ces travaux, il
convient de préciser les contours de cette problématique, sachant
que l'intérêt que nous portons à la « distance », tient en grande
partie, à nos yeux, à ce qu'elle permet d'approfondir l'hypothèse
d'une tendance à l'industrialisation, une industrialisation sans
doute polymorphe, se déployant dans le champ de la formation. C'est
donc clairement dans le prolongement des travaux du SIF que
s'inscrit notre contribution, et ce numéro qui doit beaucoup à
l'accompagnement accordé par plusieurs de ses membres.
Les lecteurs de la revue se souviennent nécessairement des
premiers mots d'un article fondateur, ceux du premier éditorial : «
Au cœur du savoir, la distance ».
Que la distance soit constitutive du savoir n'est pas douteux.
Elle l'est au moins de deux façons : comme visée et comme condition
de possibilité du savoir. Comme visée, elle renvoie à la dimension
critique et postule un détachement ; comme condition, elle repose
sur des formes d'affranchissement par rapport aux activités et aux
responsabilités, c'est-à dire à l'action politique. Mais la
distance n'a-t-elle qu'une valeur, ou une vertu, pédagogique ?
Cette question est désormais d'actualité. En effet, que se
passe-t-il dès lors que la société s'organise non pas pour libérer
ses membres de toute préoccupation mais qu'au contraire, elle place
conjointement le travail et l'acquisition des connaissances ou
encore, celle des compétences, au centre de la vie sociale ? Que se
passe-t-il dès lors qu'elle sollicite les pédagogues pour qu'ils
recourent de plus en plus massivement à des dispositifs techniques
afin de mieux remplir ce qui devient une fonction, sinon : la
fonction sociale centrale ? Si cette question est une question
d'actualité, c'est sans doute aussi parce qu'elle oblige à
interroger le mouvement d'industrialisation qui saisit de nombreux
espaces de la société contemporaine, et d'abord celui de la
formation. L'importance accordée aux relations dans les analyses
présentées, fait comprendre la nécessité de prendre mieux en compte
la notion de distance replacée dans une perspective
info-communicationnelle.
Éditorial - A.
Payeur
Articles
- Le présentiel allégé à l'université pour les grands groupes. Un
dispositif au service de l'autonomisation des apprenants - T.
Soubrié
- De la distance dans un dispositif de formation en « présentiel
enrichi ». Analyse des configurations d'activités - S. Leblanc, F.
Roublot
- La capacité en droit, un diplôme réhabilité grâce à la
formation ouverte et à distance ? - E. Bomal, T. Zacher, G.
Thomas-Debenest, F. Galland
- Intégration des TIC dans l'éducation au Mali. Etat des lieux,
enjeux et évaluation - D. Traoré
- L'ambivalence du sujet au cœur de la flexibilité de la
formation et de l'emploi. Le cas des auditeurs du Cnam-Pays de la
Loire
- inscrits en formation ouverte et à distance - A. Moisan
Entretiens et débats
- Recherche sur l'offre territorialisée et médiée par les réseaux
universitaires - Alain Payeur, Roxana Ologeanu
Lectures
- La diffusion des savoirs à l'ère du capitalisme cognitif - J.
Deceuninck
- Bibliographie-Webographie